Le personnage qui se tient devant nous traverse les amours et les désastres planétaires, s’en prend au système de l’industrie culturelle et dit son sentiment d’étrangeté par rapport aux hommes de sa génération. Après le rock vient la douceur et la quête du précieux secret de la liberté. 

Sous nos yeux, Laurent Sauvage incarne un chanteur de rock venu livrer son dernier flow. Un artiste qui serait une sorte de pythie punk, percevant avec une lucidité hors-norme les monstruosités du monde, sans parvenir à les accepter ou à les ignorer. De cette acuité du regard, qui nourrit sa difficulté à être et son sentiment de ne pas faire partie du monde, il a choisi de faire une subversion… Inspirée entre autres par les figures de Kurt Cobain et Iggy Pop, Lola Molina a écrit ce monologue pour Laurent Sauvage, comédien intense que l’on a vu chez Stanislas Nordey, Julien Gosselin ou Pascal Rambert, mais aussi, au cinéma, chez Bertrand Bonello. Un monologue conçu à la manière d’un album – un album-concept dans lequel le personnage retrace la parabole de sa transformation, nous livrant ses souvenirs les plus tragiques, ses interrogations les plus profondes, et faisant de nous les témoins de ses évolutions les plus intimes. Et un spectacle à mi-chemin entre le concert et le théâtre, accompagné par un subtil travail de création sonore et par des projections vidéo qui fonctionnent à la manière d’un journal intime. Album, nouvelle création de la compagnie Léla, basée dans le Cher – et que l’on peut retrouver sur le parcours de résoNance, la nouvelle visite sonore de Noirlac –, célèbre avant tout le pouvoir libérateur et insurrectionnel des mots, et des poètes.